MARTINE TROUÏS

Tous les matins je descends, j’ouvre la porte, je sors, je regarde le ciel, je respire, à plein poumons. Humer l’air, rentrer dans le temps.

 

Quand les choses se mettent à bouger dans l’atelier, c’est un peu la même sensation, rentrer dans le jour ; les étendues d’huile au séchage attendent, espèrent, appellent. A partir de là tout se met en mouvement dans un ordre inconnu mystérieux un peu magique et inéluctable. Se laisser faire ou résister, guider ou contrer, tout s’enchaîne ; ce qui régit mes gestes procède avec force et détermination.

 

Jusqu’à ce que tout soit juste.

 

Le tracé qui fabrique les zones, les limites, les contours, surgit ou s’estompe. Sous la tension, il façonne, ordonne, parfois rapidement, parfois longuement jusqu’à ce que les choses soient à leur place. L’espace, les mouvements, le silence.

 

Ce tracé qui contient ce que j’ai vu, tout ce que j’ai vu, ce que je sens et ressens, ce que j’entends.

 

L’écho des mots, la vibration des pensées, la musique d’un équilibre.

 

Et puis : Il y a les jours bleus, il y a les jours rouges